Paul Guillon - Images et poésie - Poèmes - Peintures

 

Vitale da Bologna, Pieta e santi

 

Tu veux baigner ton enfant
un peu trop lourd
un peu trop grand
tu le soutiens par les aisselles
ses mains dépassent de la baignoire rose
ses bras d’idiot sa tête trop grande
son corps tout mou
comme un bébé aux traits d’ado
le teint verdâtre les cheveux roux.
Il y a des jouets aux pieds de la baignoire
des petits personnages de part et d’autre
d’une grande serviette blanche.

Tu voudrais bien laver ces taches de feutre
rouge sur les mains
et ce trait sur le torse.

 

© La Couleur pure, Ad Solem, 2019.

San Zaccaria

 

Oublier les gondoles, les bateaux-corbillards,
les pigeons qui s’envolent sur la place Saint-Marc.
Dans les plis de Venise, se poser un moment
sur le banc d'une église. Refaire lentement

le geste de la veuve déposant son obole
dans le vieux tronc du temple, ou du superstitieux
prodigue des fontaines – engager mes centimes
dans la fente de fer pour éclairer la toile

et voir ce paradis de saints silencieux.
Chacun est concentré sur sa vision intime.
L’ange seul nous regarde en jouant de la viole

une musique belle et austère et muette
que ne perturbe pas le bruit de nos piécettes
ni l’enfant chatouilleux dans les bras de sa mère.

 

© La Couleur pure, Ad Solem, 2019.

 

Accueil - Poèmes - Traductions - Anthologie contemporaine
Publications - Itinéraire - Contacts - Liens