Paul Guillon - Images et poésie - Poèmes - Marie-Madeleine

 

Une Madeleine du Caravage

 

Assoupie sur sa chaise
cheveux épars
bouche ouverte
elle ne se regarde pas dans le miroir
entre nous.

Epuisée comme une jeune accouchée
(et c’est le même modèle que la Vierge
du tableau d’à côté)
elle porte dans ses bras
son enfant invisible.

A ses pieds
à côté du flacon de parfum ouvert
ses larmes aux deux couleurs
en tas sur le parquet.

 

© La Vie cachée, Ad Solem, 2007.

 

Je me souviens de cette Madeleine de Piero
dans le duomo d’Arezzo, en haut de la ville.
Grande, belle, les cheveux dénoués
qu’on aurait pu compter jusqu’au dernier,
elle tenait crânement à la main son bocal vide
comme un ventre de vierge,
comme un catafalque de verre où s’expose
le corps disparu du Saint ressuscité.

 

© La Vie cachée, Ad Solem, 2007.

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