Fontana delle tartarughe
Les tortues les plus lentes sont celles, d’eau douce, de la Piazza Mattei : elles n’ont bougé d’un pouce en trois cent cinquante ans. Elles en sourient sous leur carapace de bronze, comme sourient les éphèbes qui les hissent dans leur vasque de marbre. Ainsi en est-il à Rome, où les eaux de la grâce éclaboussent la carapace des uns, la nudité des autres. |
Le Bernin
Elles nous viennent en face, nous circonviennent d’évidence charnelle, les torsades de l’âme dans les marbres baroques – réponses à contrepied, volte-face du repentir, baisers à la volée, vrilles de la joie. La Madeleine, dans le jardin, deux fois s’est retournée. Nous sommes la statuaire drapée et dénudée qu’un Dieu caché maintient sur le qui-vive. |
Des chiffres et des lettres
Sous les noms des
pontifes, sur les frontons de marbre, ils s’affrontent perplexes à l’énigme des lettres, au rébus
des grands chiffres :
MCDLXVI
Entre calculs érudits, conjectures savantes, s’ils pouvaient déchiffrer l’oracle de la ville,
écrit en lettres majuscules dans les yeux des anciens, signé sur le front des petits, incisé sur la
peau des plus grands :
Manaratha
© Le Messie aux portes de Rome, Le Taillis Pré, 2017. |
Biographie : Jean-Pierre Sonnet est né en 1955 à Louvain, en Belgique. Jésuite, il est professeur d’exégèse à l’Université Pontificale Grégorienne de Rome depuis 2009, après avoir longtemps enseigné à l’Institut d’Etudes Théologiques de Bruxelles. En plus de ses ouvrages d’exégèse, il a publié un recueil de poésie, Le Corps voisé, et des essais à la croisée de la méditation biblique et poétique comme Le Chant des montées et Membra Jesu Nostri. Les poèmes cités ici ont été publiés par la revue Conférence en 2011.
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