Paul Guillon - Images et poésie - Poèmes - Après l'Épiphanie

Après l'Épiphanie

 

 

Dieu dort

 

Tandis que l’homme tire sur la bride de l’âne
vers l’Egypte lointaine, l’enfant,
brimbalé dans les bras de sa mère,
dort. Il n’entend rien des cris
des autres bébés assassinés à sa place
par les soldats d’Hérode,
ni des hurlements de leurs mères.
Ses petits poings restent fermés.

Dans leur sillage, le sang du jour est vendangé :
une moisson d’étoiles.

 

Après l’Épiphanie

 

Les mages venus d’ailleurs
se prosterner devant toi sont partis.
De l’astre qui brillait dans le ciel d’orient
ne reste qu’une petite veilleuse rouge
à côté du tabernacle plaqué or.

Tu te tiens caché là, ignoré du monde,
au fond de l’église vide et sombre
où flotte encore une vague odeur d’encens.

Sans voix et sans visage
tu écoutes pendant des heures le bruit assourdi de la rue,
les bus et les voitures qui passent,
dans l’attente éperdue d’une visite, d’un regard.

 

© La Vie cachée, Ad Solem, 2007.

 

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